Refroidissements n°2
Un lieu vide est un lieu intriguant. Surtout lorsqu'on le connait bien et qu'on y a vécu des moments importants. Le hall d'un théâtre, un couloir vide qui se remplissent alors. Comme un voile du passé. Les personnes, d'abords inanimés, commencent à bouger lentement, à marcher. Tout cela se présise. Les silhouettes androgynes prennent la forme des personnes présentes lors de ces moments. Les visages, les corps, tout est enfin en place avec une précision quasi mathématique.
Viens alors LE moment en question. Les sourires s'échangent, les regards aussi. La voix de votre accompagnateur onirique résonne ainsi que le brouhaha d'une foule inéxistante. Une mélodie jouée une dizaines de fois dans une salle de répétition et ensuite imprégnée à jamais de cet air.
Aujourd'hui, je suis allée à la salle de concert de ma ville où j'avais vu une pièce de théâtre et où j'avais croisé quelqu'un que j'aimais beaucoup. Les diverses scènes de cette après-midi là ce sont jouées une à une dans ma tête. Je voyais son regard, ses mimiques et ses expressions. Et surtout j'entendais le son de sa voix, de son rire.
Comme j'aimerais le réentendre. Une dernière fois. Pour lui dire au revoir et lui souhaiter bonne chance. Ce garçon était si doux et emplit d'une si grande violence. Plus que d'entendre son rire, j'aimerais l'entendre s'éteindre.